Aider un proche et se faire aider en tant qu’aidant

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En France, plus de la moitié des aidants ont une activité professionnelle mais concilier journée de travail et aide à son proche est souvent éprouvant. Ce sont les Salariés-aidants Des ressources existent pourtant afin de faciliter leur quotidien.

La France compte onze millions de personnes qui chaque jour aident un proche malade, âgé ou handicapé. Plus de 50% d’entre eux sont actifs[1]. Cette activité professionnelle leur permet de rester insérés dans la société et de maintenir des liens sociaux. C’est également une bouffée d’oxygène, loin de la maladie, des tâches et des soins qu’elle nécessite. Pour preuve, 77% des salariés aidants s’estiment satisfaits de leur travail, d’après une enquête diligentée par la Macif, portant sur 371 salariés aidants, en 2015.

Les temps de repos sacrifiés

Toutefois, pour 58% d’entre eux, concilier travail et obligations domestiques est une tâche ardue. Sur le lieu de travail, la charge psychologique est lourde, souvent envahissante. C’est ce que l’on appelle le présentéisme : l’employé est physiquement présent mais sa tête est ailleurs. Lorsque l’aidant est une femme, ce qui est fréquemment le cas, elle a en plus la charge de la vie de famille. Ses journées sont incroyablement longues et fatigantes. Les temps de repos sont sacrifiés, l’épuisement s’accumule…

Alors pour tout mener de front, les aidants jonglent avec leurs RTT et leurs congés, s’arrangent avec leurs collègues, occupent un emploi à temps partiel pour se dégager un peu de temps et parfois utilisent un arrêt maladie. 73% des personnes interrogées dans l’enquête avouent ne pas connaître les aides existant pour faciliter leur vie quotidienne.

Aider les aidants, un cercle vertueux en entreprise

Cette année, l’association Journée nationale des aidants souhaite mettre un coup de projecteur sur ces salariés pas comme les autres. « 15 à 20% des salariés sont des aidants, explique Olivier Morice, président de l’association Journée nationale des aidants.  Ils ont envie de continuer à travailler mais l’entreprise doit faire un pas vers eux, par exemple avec un aménagement des temps de travail, une plus grande considération en tant qu’aidant, le soutien des Ressources humaines, en étant une source d’informations utiles. »

Parce qu’il s’épuise, parce qu’il est stressé, absent, ou présent physiquement mais absent à sa tâche car trop préoccupé par la situation de son proche, l’aidant non accompagné peut coûter cher à l’entreprise. « Des études britanniques[2] ont ainsi prouvé qu’accompagner les aidants était bénéfique pour l’entreprise, insiste le président de l’association. Cela passe par une réduction de turn over et parce qu’en retour, les aidants aidés sont plus loyaux et investis après. »

Des ressources méconnues

La majorité des aidants ne mentionne pas leur statut à leur employeur. Pour Clémentine Scherer, psychologue clinicienne, responsable au pôle de soutien psychologique de Ressources Mutuelles Assistance, « ils ont le sentiment qu’ils vont perdre leur reconnaissance professionnelle s’ils parlent de leur situation, auquel s’ajoute la peur d’une perte de salaire ». De plus, la très grande majorité ne demande pas spontanément d’aide : les aidants s’épuisent à tout concilier et certains mettent leur santé en péril.

Or, plusieurs aides existent pour aider ceux qui prennent soin d’un malade à domicile.

  • Le congé de proche aidant (anciennement appelé congé de soutien familial)

Il s’agit d’un congé d’une durée de trois mois renouvelables, avec la possibilité de négocier un temps partiel avec l’employeur. Il ne doit pas excéder un an sur toute la carrière. Il n’est ni rémunéré, ni indemnisé par la Sécurité Sociale et la demande doit être faite auprès de l’employeur.

  • Le droit au répit

C’est une autre ressource méconnue et comme son nom l’indique, il offre un moment permettant à un aidant de souffler un peu. « Les structures de répit sont un accueil de jour ou de nuit, pour placer le patient, afin que l’aidant s’octroie un moment pour lui, détaille Olivier Morice. Pour connaître une structure de répit près de chez soi, il faut se rendre dans sa mairie ou surtout contacter le département (qui renseignera notamment sur les CLIC, les Centres Locaux d’Informations et de coordination gérontologiques), ou même sa mutuelle. » Toutefois, l’offre de répit est hétérogène sur le territoire, certains territoires étant très bien couverts, d’autres non.

Dès le 6 octobre, l’association a remis aux directeurs de Ressources humaines un kit des aidants, destiné à favoriser l’accès aux ressources existantes pour les salariés aidants.Source; francetvinfo.fr
[1] Source : baromètre Aidants, sondage réalisé en 2015 sur un échantillon représentatif de 1997 personnes.

[2] Supporting Working Carers: The Benefits to Families, Business and the Economy. Carers UK

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