Prendre soin d’un proche âgé ou malade tout en travaillant peut vite devenir épuisant. Un nouveau décret effectif en 2017 doit permettre à ces aidants d’obtenir plus facilement un congé auprès de leur employeur. Un « répit » dont Muriel, 50 ans, aimerait bien profiter.
En France, ils sont près de 8,3 millions à avoir décidé de prendre en charge un proche malade ou en perte d’autonomie. Si la majorité de ceux qu’on appelle désormais « les aidants » sont en retraite, d’autres doivent jongler au quotidien entre travail et soins à la maison. C’est le cas de Muriel Bourse, infirmière roubaisienne de 58 ans, qui a vu sa vie basculer il y a maintenant cinq ans.
En 2011, le diagnostic des médecins tombe : Mireille, sa mère, est atteinte d’une démence apparentée à Alzheimer. Très vite, elle perd en autonomie et ne peut plus rester seule. Si le gériatre émet à l’époque l’hypothèse d’un placement, Muriel qui vit chez sa mère s’y refuse. « Elle m’a toujours dit ne pas vouloir être placée. Elle voulait rester chez elle avec ses animaux, dans cette maison dans laquelle elle est née et où elle a toujours vécu ».
« On culpabilise, on se dit que personne d’autre ne peut mieux s’occuper de notre propre parent. »
Muriel Bourse organise désormais sa vie autour des besoins de sa mère. Elle a d’abord troqué sa 106 pour un monospace, plus commode. Ses congés sont désormais répartis tout au long de l’année pour parer une éventuelle aggravation de la maladie. Avec un père décédé et un frère habitant la région parisienne, c’est seule que Muriel doit gérer et anticiper le quotidien avec sa mère.
« On est toujours en demande d’aide et pourtant j’ai mis du temps à faire le pas et à frapper à la porte de Clic Riv’âge (centre local d’information sur les conséquences du vieillissement) ou de la Maison des aidants, se rappelle l’infirmière. On culpabilise, on se dit que personne d’autre ne peut mieux s’occuper de notre propre parent ».
« Submergée et épuisée » de s’inquiéter sans cesse, la cinquantenaire a dû prendre un arrêt de travail il y a quelques mois « pour ne pas exploser ». Malgré les précieuses aides dont sa mère bénéficie déjà depuis sa perte d’autonomie (huit journées en accueil de jours et 96 € de chèque Cesu par mois), Muriel voudrait désormais prendre un congé sans solde ou passer à temps partiel pour pouvoir se consacrer à elle entièrement.
Elle y a déjà pensé avant l’été mais la pénurie constante d’infirmières dans son service avait refroidi sa demande. Grâce au nouveau décret qui assouplit le « congé parent aidant », paru le 18 novembre dernier, elle espère pouvoir en bénéficier dès 2017. Pour pouvoir consacrer encore plus de temps à Mireille qui vient de fêter ses 80 ans, mais aussi pour « regagner des forces, souffler pour être capable de la garder le plus longtemps avec moi ». Le plus grand souhait de Muriel.
Le « congé proche aidant », institué en décembre 2015, permet à un salarié aidant au quotidien un proche malade, âgé ou handicapé de demander une disponibilité d’une durée de trois mois maximum. Un congé, sans solde, renouvelable une fois, pour mieux « articuler » sa vie professionnelle et familiale.
Un décret paru dans le Journal Officiel le 18 novembre dernier prévoit d’assouplir les modalités de l’utilisation de ce congé dès janvier 2017. Désormais, une seule année d’ancienneté dans l’entreprise sera demandée pour prétendre à un congé parent aidant, contre deux actuellement. Le lien unissant l’aidé et l’aidant ne sera plus obligatoirement familial et, autre nouveauté, le congé pourra « être transformé en période d’activité à temps partiel » selon le récent décret qui permet aussi son fractionnement.Source: nordeclair.fr