Si j’étais un ami de cet Aidant…

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Parmi les billets d’humeur que nous avons reçus et publiés, certains font état d’un ras-le-bol des bons conseils, ou d’un ras-le-bol d’être un cas isolé, et l’on pourrait même résumer l’un de ces billets d’humeur par le proverbe « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ».

Par ailleurs, un autre billet d’humeur revendique tout simplement « laissez-nous nos forums entre Aidants ».

Rien à voir me direz-vous ? Eh bien au contraire je ne peux m’empêcher de relier ces deux thèmes.

Certes prendre du répit, du recul, prendre soin de soi, faire appel à des aides extérieures a un coût. Mais parfois, il s’agit aussi pour l’Aidant de reconsidérer sa situation d’un point de vue « stratégique », ou bien simplement de pouvoir exprimer sa lassitude à des personnes qui le comprennent.

Reconsidérer sa situation d’un point de vue stratégique cela signifie la considérer comme si l’on était extérieur à cette situation, comme si elle concernait quelqu’un d’autre. Cela revient à se demander, à son propre sujet : si j’étais un ami de cet(te) Aidant(e) quels conseils lui donnerais-je ? A-t-il (elle) bien mobilisé toutes les aides possibles ? N’y-a-t-il pas des assistances (humaines, techniques…) dont il(elle) se prive en pensant qu’il n’y a pas d’autres possibilités ? A-t-il (elle) sollicité la caisse de retraite de son proche ? etc…

Pas facile pensez-vous de faire comme si l’on était quelqu’un d’autre… lorsque l’on croule sous la somme des tâches à accomplir pour soutenir son proche… Et c’est là que les échanges entre Aidants prennent tout leur sens. Justement parce que lorsqu’on est extérieur à la situation, notre bon sens associé à notre empathie peut être très utile aux autres.

On peut espérer des améliorations du système de prise en charge des personnes dépendantes et de leurs proches, on peut même militer pour cela. Mais en parallèle et pour affronter le quotidien, je suis convaincu qu’un Aidant relié à d’autres Aidants peut accroître ses capacités d’action et diminuer son sentiment de fardeau et d’isolement. Il peut trouver des solutions parce que d’autres vont réfléchir pour lui. Et il peut apporter des solutions à d’autres justement parce que n’étant pas concerné il peut réfléchir pour quelqu’un d’autre.

Cela s’appelle solidarité, partage, empathie, identité partagée, entraide…

J’en suis convaincu et nous le pratiquons à la Maison des Aidants/Aidants en Mouvement : comme l’a dit très justement une Aidante dans un commentaire, les professionnels doivent faire avec les Aidants. Ceux-ci ont besoin certes de soutien, d’informations, de formation parfois, mais ils n’ont pas besoin de « solutions d’experts ».

D’ailleurs il n’est qu’à voir les premières publications d’Aidants sur notre nouveau site pour comprendre qu’ils savent se mobiliser sur les sujets qui les concernent : une remarquable revue de presse « Faite par les Aidants », un dossier pratique dédié aux « Salariés-Aidants », et il y en aura surement beaucoup d’autres.

C’est pourquoi je souhaite que notre site, dans sa nouvelle version, puisse continuer à servir encore mieux la cause des Aidants, en leur permettant notamment de se « relier » entre eux.

Dans cette phase d’innovation, nous nous efforçons de lui apporter les améliorations aptes à favoriser le partage entre Aidants et entre Aidants et Professionnels.

Bravo à tous ceux qui d’ores et déjà sont intervenus dans les différentes rubriques.

Pascal Jannot.

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