Les aidants ? Connais pas…

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Bonjour Kat aidante,

Quelle sorte de professionnels comptez-vous devenir? demandiez vous aux étudiants qui sollicitent les aidants, dans votre très riche et si juste billet d’humeur «c’est le printemps».

J’ai envie de répondre : peut-être du style de certains de ceux à qui j’ai eu affaire aux service des urgences de Périgueux !

Comme vous, mais suscitée par une autre expérience, ma colère est grande, et je voudrais ici l’exprimer.
Ma mère, 81 ans, a dû passer par le service des urgences sur indication de son médecin pour des symptômes préoccupants.
Passons sur les 7 heures d’attente… chacun connaît le problème des urgences. Mais c’est la façon dont cette attente est gérée, ou plutôt pas gérée, qui suscite mon indignation !

Dès l’arrivée, il a fallu que j’insiste pour pouvoir rester un peu avec elle, le temps qu’elle s’installe pour une attente qu’on imaginait longue (… mais pas de 7 heures tout de même !). On m’opposait que «cette dame était très bien et n’avait pas besoin qu’on l’accompagne»… Bonjours les aidants !…

En la quittant au bout d’un moment, convenant de s’envoyer des messages pour se tenir au courant de l’évolution de la situation, j’ai interpellé une aide-soignante en lui demandant comment cela se passait si ma mère avait besoin, par exemple, d’aller aux toilettes. Réponse : pas de problème elle n’aura qu’à m’appeler.

Dans le courant de la matinée, j’appelle ma mère sur son portable. Elle attendait toujours bien sûr, et m’a dit avoir dû se débrouiller à descendre de son lit pour aller s’asseoir sur une chaise libre, car l’odeur qui émanait du monsieur âgé installé sur un lit près d’elle devenait insupportable… Vous devinez ce qui s’était passé ?!?!!! Ce monsieur n’avait pas pu ou pas osé appeler, ou pas appelé assez fort…

Je suis revenue pour passer un autre moment avec elle. De nombreuses personnes âgées avaient peu à peu empli la salle.
Une dame assise près de nous avait les jambes très gonflées du fait de l’immobilité et aurait voulu retirer ses chaussures. Elle l’a signalé à un aide-soignant qui a dit «Ah ouais, ça serre !»… mais a passé son chemin.
Ce même aide-soignant, décidément plein d’empathie, et grand amateur de chewing-gum, mais dont j’ignore le prénom puisqu’il ne jugeait pas utile de porter son badge, est allé ensuite accueillir un vieux monsieur qui arrivait d’un Ehpad : «Alors, vous avez mal où ?» fut le protocole de prise en soins… pas mal non ?

Vous allez penser surcharge de travail, conditions difficiles etc…
Non ! Il n’y avait pas de surcharge mais une charge de travail très inégalement assumée, et un manque d’intérêt pour leur métier de certains personnels.
Co-existent visiblement des motivations très diverses, des attitudes de pouvoir (facile quand on s’adresse à des personnes fragilisées !) et un vrai problème de management.

Si je salue cette aide-soignante qui s’est montrée disponible et qui a assumé, aux dires de tous les patients présents, un travail considérable, je déplore le «jemenfoutisme» de certains autres. Il n’y a pas d’excuses à cela.

Si l’aide-soignante en question a accepté ma présence régulière et discrète auprès de ma mère, c’est parce que l’aidante que j’étais était perçue par elle comme un soutien à son travail. Vous surprendrai-je si je vous dis que c’est la même aide-soignante qui est allée retirer les chaussures de la dame que son collègue avait négligée…?

Vous surprendrai-je si je vous dis que c’est la même personne (sans badge, chewing-gum et prise en soin de 1ère classe… vous le remettez ?) qui faisait obstacle à mon entrée dans la salle lors de l’arrivée aux urgences… se permettant même de répondre à ma demande d’aller voir ma mère dans la salle : « ça fait combien de temps que vous l’avez pas vue ? 10 minutes ?»

Alors oui Kat-aidante, quels professionnels deviendront certains étudiants qui sont d’ores et déjà dépourvus de capacité à communiquer, à entrer en relation ?… pour qui les personnes sont des abstractions, des sujets d’étude ou de mémoire… Les qualités de cœur, la conscience professionnelle, l’empathie… on l’a ou on ne l’a pas ! Et pour tous ceux qui en sont dépourvus il est clair que les aidants ne sont que des empêcheurs de tourner en rond.

Je salue chaleureusement tous les autres, fort heureusement nombreux ne l’oublions pas.

Anna

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