Rapport Libault, le temps des aidants ?…

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Le rapport attendu de Dominique Libault a été remis à Madame Agnès Buzyn le 28 mars dernier.
Finalisant la concertation «Grand âge et autonomie», le rapport Libault est un début, pas une fin. Il doit en effet être le point de départ de l’élaboration d’une nouvelle loi «Autonomie», quatre ans après la loi ASV (Adaptation de la société au vieillissement – Déc.2015)

Si l’on ne peut que saluer l’exhaustivité des thèmes abordés dans ce rapport, et approuver ses grandes orientations, je voudrais m’attarder, bien entendu, sur la question spécifique des aidants.

L’idée de «Maisons des Aînés et des Aidants» est tout à fait intéressante, et je me réjouis du succès du concept de «Maison des Aidants» dont nous avons été à l’origine en 2008.
Je souhaite qu’il ne se réduise pas toutefois au seul – bien qu’important – aspect de guichet unique.
La notion de réseau qui y est associée dans le rapport implique une dynamique dans laquelle devraient être impliqués tous les acteurs.
J’appelle de mes vœux de telles structures locales, au sein desquelles s’associent sans distinction des acteurs privés ou publics, des acteurs sociaux et des professionnels de santé, afin que ces lieux soient aussi des creusets d’innovation dans les services qui pourront y être proposés.

Je souhaite aussi qu’on y fasse la part belle aux usagers eux-mêmes : aînés et aidants.
Que leur participation soit effective au sein, par exemple, des conseils d’administration.
Que leur indispensable formation ne soit pas oubliée, et que les outils d’évaluation de leurs besoins, que le rapport propose de créer, soient élaborés avec eux.
Que l’on ne reparte pas non plus de zéro ! Des professionnels de l’accompagnement travaillent sur le terrain depuis des années. Un savoir s’est construit, une expertise s’est consolidée.
Saura-t-on, si un tel concept voit le jour, lui donner tout le souffle et l’ampleur qu’il mérite ? Je l’espère.

Rien ne serait plus décevant à mon sens que des Maisons des Aînés et des Aidants qui ne seraient qu’une réponse administrative.

Enfin, je ne peux m’empêcher de penser que si l’on parle des aînés et de leurs aidants, on risque d’oublier l’autre moitié des aidants… tous ceux qui aident une personne malade ou handicapée.
Or la perspective d’abolir le critère de l’âge, et donc la dichotomie entre perte d’autonomie liée à l’âge ou liée au handicap ne semble pas à l’ordre du jour… Attention donc, alors que la question sociétale des aidants semble s’être enfin construite, à ne pas la déconstruire.

Nous allons suivre attentivement le destin de ce rapport.
Les nouveaux débats qui vont en découler auront-ils la capacité à intégrer les autres rapports, (celui de Madame Gillot, et celui de Madame Huillier notamment) ?
Les propositions de loi en faveur des aidants mises jusqu’alors de côté (Pierre Dharéville, Jocelyne Guidez) vont-elles s’intégrer dans la future loi «Autonomie» qui devrait voir le jour dans l’année ?
La question d’un statut pour les aidants, fortement avancée par ces deux mêmes élus, mais absente du rapport Libault va-t-elle être de nouveau débattue ?

Mesdames, Messieurs les responsables politiques en charge de cette question majeure de notre société, nous comptons sur votre ambition, car comme le souligne le titre du rapport… il est temps d’agir.

Lire le rapport de Dominique Libault Grand âge, le temps d’agir

Pascal Jannot
Président fondateur de La Maison des Aidants
Vice président de « Je t’Aide »

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