Technologies connectées, oui mais… restons « slow-care» !

0

Technologies connectées, oui mais… restons « slow-care» !

gérontech 2

Améliorer la qualité de vie des personnes en perte d’autonomie et de leurs proches-aidants est l’objectif des innovations technologiques.
De plus en plus souvent nous entendons parler d’objets connectés, de traqueurs, de détecteurs, de télémédecine …
Indéniablement l’innovation technologique a d’ores et déjà rendu la vie plus facile à de nombreuses personnes handicapées ou malades, et à leurs aidants.

Une étude TNS-Sofres, d’août 2014, pour la Fondation Mutuelle Générale évoquait le « plébiscite des français pour les technologies connectées pour la prise en charge des personnes en perte d’autonomie »…

A y regarder de plus près toutefois, ce qui apparaît clairement plébiscité c’est le souhait des français pour le maintien à domicile. D’après ce sondage 90 % des français et 96 % des aidants estiment qu’il faut maintenir leur proche à domicile.
Ensuite, on lit dans ce sondage que 93 % des français pensent que les nouvelles technologies peuvent permettre une meilleure prise en charge de la dépendance et que 40 % des aidants (d’un proche atteint d’une maladie neuro-dégénérative) estiment que c’est déjà le cas. Il faut donc relativiser le soi-disant plébiscite des technologies connectées… mais retenir que les personnes sondées placent des espoirs dans les technologies connectées.

Le groupe de prévoyance Apicil va plus loin : il s’engage avec le groupe Bluelinea dans la diffusion auprès de ses entreprises adhérentes d’un pack « Bien vieillir », et par là-même affirme sa conviction et sa confiance dans les nouvelles technologies pour prévenir la dépendance.

Les choses, comme toujours en matière d’évolution technologique, vont donc très vite, et ces nouveaux systèmes vont occuper une place de plus en plus importante. Et c’est justement parce que les choses vont vite qu’il est bon de s’arrêter un instant… Loin d’avoir des a-priori sur les nouvelles technologies au service du « care », je crois cependant que des questions méritent d’être posées :

  • Ces nouvelles technologies vont-elles être des auxiliaires efficaces de l’aide humaine, ou vont-elles dominer, conditionner et orienter la relation d’aide ?
  • Ces nouvelles technologies rendront-elles les personnes –et leurs Aidants– plus autonomes et plus libres…. ou risquent-elles de les rendre dépendants de leur fonctionnement ?
  • Dans la conception des nouvelles technologies appliquées à la dépendance, prend-on en compte suffisamment le rôle des Aidants, ou bien ceux-ci se verront-ils peu à peu imposer par le marché des solutions auxquelles ils seront obligés de s’adapter ?

Les innovations qui voient le jour dans le cadre de la silver-économie ou dans celui des services à la personne, reposent cependant toujours sur les Aidants.
Comme pour le maintien à domicile « tout court », le maintien à domicile à l’aide des nouvelles technologies ne peut pas se passer des Aidants. Ceux-ci restent :

  • des prescripteurs
  • des utilisateurs
  • des programmateurs (d’alarmes, de délivrance de médicaments…)
  • des accompagnateurs…

et des évaluateurs !

Je suis convaincu que très vite, la différence qualitative des systèmes basés sur les gérontechnologies, se fera autant sur les critères techniques que sur les critères d’écoute et de prise en compte des besoins des Aidants, sans qui nombre de ces innovations ne pourraient s’appliquer au bénéfice des personnes dépendantes.

Et nous ne pouvons que formuler le vœu que les concepteurs et les promoteurs d’objets connectés au service du « care » prennent le temps d’écouter ces Aidants, pour créer des objets et des systèmes qui permettent aux binômes « Aidants-Aidés » de retrouver du temps pour la qualité de la relation… une sorte de « slow-care »

Pascal Jannot

Partager